Exposition au musée de l’hôtel Sandelin de Saint-Omer.

Plasticien de la photographie et de la vidéo, originaire de l’Audomarois, Fabien Rigobert axe sa démarche sur la pluralité des lectures que nous offrent les images, obligeant le spectateur à jouer un rôle d’interprète au lieu de se contenter de celui de simple récepteur d’information. Dans ces créations mêlant images fixes et en mouvement, il intervient sur le placement et l’animation des corps et met en scène une allégorie contemporaine de notre société. Dans le cadre d’une résidence à Saint-Omer,  l’association lui a demandé de se pencher sur la notion « d’habitants ».

De par sa démarche de création, l’artiste intègre des thématiques récurrentes d’espace, de mise en scène et de réflexion sur l’être social. Les adolescents-lycéens, ne faisant pas encore partie des citoyens responsables, interagissent pourtant de plus en plus dans la Cité. Saint-Omer est par ailleurs une ville fortement marquée par la présence d’une population jeune extrêmement nombreuse, dût aux quelques trente établissements concentrés dans la ville qui accueillent ainsi par jour une dizaine de millier d’adolescents. Ces individus entretiennent un lien fort avec la ville tout en y vivant seulement une partie du temps. Fabien Rigobert les photographie au sein de l’espace symbolique marqués par l’histoire du Musée de l’hôtel Sandelin, mêlant les personnes d’aujourd’hui à leur passé patrimonial. Bien sûr leur intégration dans ce cadre interpelle et n’engendre aucune harmonie : l’association, la confrontation visuelle est presque brutale ; le contraste est recherché, provocateur. L’image, en fait, exalte les préjugés et les renvoie dos à dos. Préjugés sur « le jeune » ; préjugés sur la « ville bourgeoise », ces images prennent corps et sous-tendent la mise en scène.

Car, bien sûr, tout est falsifié : les intérieurs ne sont que des reconstitutions, le lieu est luimême une scénographie muséale, l’apparence des adolescents comme leurs attitudes résultent d’une direction stricte. Il n’y a ni hasard ni spontanéité, juste l’illustration d’un lien que l’artiste rend manifeste dans toute sa complexité. Bien plus qu’un portrait à la fois improbable et vrai de Saint-Omer, Fabien Rigobert nous livre son regard sur notre société, son questionnement sur l’intégration sociale.

vue de l’installation au Musée de l’hôtel Sandelin