Anne Benoit développe ses recherches sur les relations entre l’intime et le public. Dans cette maison « endormie » devenue galerie d’art, Anne Benoit installe des meubles recouverts de draps. Ces tissus sont supports de photographies, vues de l’audomarois et alentours aperçues pendant l’enfance, et qui au hasard de rencontres et d’échanges se transforment en points de focalisation. Ils sont la mémoire des voyages passant par Saint-Omer, vécus en transit dans l’intimité de la voiture familiale.

 

 

Cet assoupissement est accompagné d’une série d’extraits de photographies de presse. L’artiste s’est approprié ces images : scannées (quelles maladies cachent-t-elles ?), coupées puis étirées : détournement respectueux et amoureux de l’arrière plan des évènements. Cela donne des visions opaques, informes et dématérialisées, où notre esprit devine l’image. Jouisseurs de sport ou manifestants de rue forment des foules de décor, sourd écho de l’actualité. A côté, plusieurs journaux sont présentés tels quels, notamment les numéros du 11 et 12 septembre 2001. Si ces représentations publiques font irruption dans notre quotidien, elles restent des traces aussi vite vues qu’oubliées.

A cette question, tant de fois posée pendant l’enfance : « c’est encore loin ? », s’est imposée enfin la réponse « on n’a jamais été si près du but ». Humour, dérision familiale, cette affirmation combative s’imprègne petit à petit d’angoisse et d’un certain désordre.   Anne Benoit