L’espace 36 continue son travail de réflexion sur la ville de Saint-Omer et l’Audomarois. Après avoir reçu Erik Chevalier, vidéaste, et Rémi Guérin, photographe, l’association laisse le champ libre à Sophie Vaupré.

« Est-ce que l’image a une mémoire ? Est-ce que l’image est nécessaire à la constitution de notre mémoire ? » questionnait Sophie Vaupré dans ses derniers travaux. Les créations sonores présentées ici, en 2004, apportent de nouveaux éléments de réponse. L’image peut se faire sonore. La mémoire visuelle s’abreuve à d’autres sources qu’à l’image. Sophie Vaupré vous convie donc à une déambulation à l’intérieur d’un univers fait de sons restituant le quotidien, le quotidien banal et tellement singulier pour chacun, comme perçu ici, en deçà-au delà d’une façade audomaroise ; appel à la mémoire, à l’enfance.

 

 

« Lieu d’une rêverie enfantine, un petit tourbillon, une matière poétique encore brute qui prend forme petit à petit, une nature morte qui s’anime au fur et à mesure de visites silencieuses. Chaque élément de la façade se dissocie puis se reconstitue mentalement. Apparition légère d’images fabriquées du passé, un jardin où l’on se cache, une allée sur laquelle on joue, une grille que l’on escalade. Mon esprit vagabonde. Disparition soudaine lorsque je regarde fixement les fenêtres et rentre dans la maison, le sifflement d’une bouilloire, le plancher qui craque sous des pas assurés, une radio allumée… Les espaces s’organisent avec évidence, ils apparaissent sans effort. Familièrement, un quotidien s’installe. Cet endroit sonore m’habite. Un va et vient s’opère alors entre images et sons, un espace se crée. Dans la galerie de l’espace 36, il se construit à partir des trajectoires que le public emprunte. Vagabondage sonore et butinage visuel, le papillon est en vol. »

Sophie Vaupré

 

 

 

 

« Lorsque le sucre élaboré dans les tiges surgit au fond des fleurs, comme des tasses mal lavées, un grand effort se produit par terre tous les Papillons tout à coup prennent leur vol… Dés lors le papillon erratique ne se pose plus qu’au hasard de sa course ou tout comme. Allumette volante, sa flamme n’est pas contagieuse. Et d’ailleurs il arrive trop tard et ne peut que constater les fleurs écloses. N’importe : se conduisant en lampiste, il vérifie la provision d’huile de chacune. Il pose au sommet des fleurs la guenille atrophiée qu’il emporte et venge ainsi sa longue humiliation amorphe de chenille au pied des tiges. Minuscule voilier des airs maltraité par le vent en pétale superfétatoire, il vagabonde au jardin. » F. PONGE