Depuis quatre ans, l’espace 36 donne les moyens et accompagne des artistes pour travailler sur le territoire de Saint-Omer et de l’Audomarois, et proposer aux habitants, et aux publics, une vision différente et toujours nouvelle de leur ville. Après avoir décliné l’image, visuelle et sonore, de la ville urbaine, nous abordons avec Hervé Van De Meulebroeke une autre étape de recherche centrée sur la nature, notamment sur la caractéristique du milieu audomarois : les marais.

Hervé a travaillé une année dans les marais, pour en ressentir l’ambiance et la vie qui s’y cache. Il a mis à profit cette longue période pour concrétiser de nouvelles pistes de recherches dans sa démarche de création. Jamais éloignées complètement du figuratif, les images d’Hervé Van De Meulebroeke s’écartent de toute volonté descriptive et s’approchent d’une vision abstraite de la réalité. Nous faisant découvrir un nouveau territoire photographique et sensitif, l’artiste cherche à dévoiler ce qui ne se voit pas. Partant de son travail avec les plantes, il explore ici un rapport entre les trois éléments, qui se confondent dans les marais. Images entre eau-terre-air, sensations partagées entre le bien-être de la nature et son inquiétante beauté.

 

« Comment reproduire ce que j’ai éprouvé au contact des marais de Saint-Omer ? Pendant un an, j’ai confronté ma pratique de la photographie à ce territoire. J’ai laissé une large part au hasard pour donner à voir ce que la réalité ne montre pas en utilisant le langage et la matière photographique. Ce projet a été conçu en deux étapes s’enchaînant logiquement. J’ai commencé cette résidence en effectuant des rayogrammes sur polaroids, à partir de plantes ramassées le long des canaux, ou acheté aux maraîchers. Très vite j’ai le sentiment que la belle ordonnance des canaux est illusoire. Bien que transformé par l’homme, le marais est un milieu rude dont on ne voit finalement qu’une infime partie. Les mois passent. Les sujets photographiés sont de moins en moins lisibles. Petit à petit ils disparaissent, se noient dans leur support… Les fleurs cèdent la place à des formes éthérées. Je décide de changer de point de vue et de travailler sous l’eau, pour voir où personne ne va. Les bras plongés dans le marais, je déclenche l’appareil, sans cadrer, sans savoir ce qu’il y aura à voir. Des formes apparaissent, des couleurs, des vibrations. Des particularités techniques m’ont permis d’inventer des images composées d’apparitions aléatoires, de formes non maîtrisées… Mais au delà de leur aspect technique, j’espère que ces images, en nous faisant perdre nos repères, nous renvoient à nos incertitudes ou à nos souvenirs… On pensera peut-être en regardant ces images à Marie Groette, la sorcière du marais, qui guette les imprudents pour les entraîner dans la vase… »

Hervé Van De Meulebroeke

hvdm.fr

 

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